L’état émotionnel, au coeur de la naturopathie
Dans le chapitre précédent, nous sommes parvenus à la conclusion que la naturopathie est par définition holistique. C’est-à-dire qu’elle prend en compte le corps humain comme un tout et suppose donc que le physique a un impact sur l’esprit, et inversement.
Dans ce chapitre, nous découvrirons à quelles émotions particulières les différentes régions du corps sont liées. En effet, un mal de dos n’est pas lié aux mêmes émotions qu’un mal de tête. En naturopathie, il est donc fondamental de connaître les principales filiations entre corps et esprit.
En tout, nous comptabilisons 7 filiations différentes que nous étudierons plus tard au cas par cas. Pour le moment, nous allons définir et comprendre l’état émotionnel d’un patient.
Le déséquilibre de la sphère psycho-émotionnelle
Dans les années 1930, le Dr Edward Bach déclare : “il n’y a pas de maladie, il n’y a que des malades”. À travers ce célèbre énoncé, il met l’accent sur le fait qu’une sphère psycho-émotionnelle déséquilibrée ouvre la voie à l’invasion du trouble. En d’autres termes : la façon de penser influe sur la santé physique. Chaque jour, le naturopathe travaille avec ses patients pour leur faire atteindre un équilibre psycho-émotionnel. Cet équilibre peut être déstabilisé pour de nombreuses raisons, innées comme acquises, que nous allons étudier ci-après.
Le piège de l’hérédité
D’après de nombreuses études, les antécédents familiaux jouent un rôle très important dans le développement d’un trouble psycho-émotionnel ou physiologique. Un trouble ne se transmet pas systématiquement de génération en génération au sens purement génétique du terme. Cependant, il peut se transmettre psychologiquement. Imaginons une famille où tous les individus de sexe masculin souffrent d’un excès de choléstérol : deux cas de figure se présentent.
Cet environnement défavorable peut mener le patient à penser qu’il développera inévitablement du cholestérol à son tour. Cet état d’esprit fataliste est alors inconsciemment à l’origine de comportements qui finiront par valider ses craintes. En effet, la résignation conduit bien souvent à un désordre hygiénique puis à une prophétie auto-réalisatrice. Le supposé facteur génétique joue un rôle crucial dans le développement des troubles. Une mauvaise croyance peut avoir un impact considérable sur tout le mode de vie d’un individu. En tant que naturopathe, il est de votre devoir de déceler ces croyances et de les déjouer.
Au contraire, d’autres individus nés dans ce même environnement se donneront toutes les chances d’éviter ce trouble. Ils n’étaient peut-être pas destinés à le développer. Toutefois, leur peur les incite à avoir une hygiène de vie irréprochable. Finalement, là aussi la prophétie est auto-réalisatrice : se convaincre que l’on peut éviter la maladie, c’est se donner les moyens de le faire. L’état d’esprit d’un individu vis-à-vis d’un trouble joue un rôle crucial, à ne jamais négliger.
Le vécu
Le comportement et les croyances d’un individu peuvent aussi être troublés à travers son vécu. En effet, les diverses expériences qu’un individu a eu l’occasion de traverser au cours de sa vie sont décisives dans la construction de son état psycho-émotionnel. Les expériences vécues au cours de la petite enfance ont une incidence d’autant plus forte sur la vie d’un individu. Une nouvelle fois, deux cas de figure se présentent.
Un individu a vécu une enfance heureuse, entouré de ses deux parents qui l’aimaient profondément. Cet individu développera certainement un état émotionnel sain et équilibré grâce à l’assurance qui lui a été transmise inconsciemment. Au contraire, un autre individu a vécu dans une famille où les parents se sont déchirés : cris, voire coups, tristesse et colère, divorce… Autant d’événements négatifs qui façonnent l’état d’esprit de l’individu. En effet, ce dernier a grandi avec un certain modèle du couple. Au mieux, il développera un trouble de l’engagement, au pire il reproduira le même modèle qui s’est ancré au fond de lui.
Il n’existe pas une seule vérité, mais plutôt plusieurs. En effet, chaque individu développe sa propre vérité en fonction de son vécu. L’une n’est pas juste et l’autre fausse : ce sont des interprétations qu’il convient de comprendre pour pouvoir les déjouer. Si ces interprétations négatives restent fortes, alors l’individu sera plus susceptible de développer des failles dans sa sphère émotionnelle et de souffrir d’un système immunitaire affaibli. Le cercle est vicieux et destructeur : une simple anxiété devient un véritable problème comportemental avant de se traduire sur le corps à travers des troubles d’ordre digestif, alimentaire, cardiaque, etc.
Le stress
Face à un événement (aussi appelé un “stimulus”), un individu peut développer une réaction comportementale et psychique particulière très connue : le stress. Ce stimulus peut être d’ordre physique à cause d’un effort trop violent, d’un geste trop répétitif ou encore d’une position inconfortable. Ce stress physique peut conduire à une gêne comme une crampe, voire à une blessure comme un claquage.
D’un autre côté, le stress peut être dû à un stimulus psychologique ou psychosocial. C’est le cas, par exemple, lorsque personne timide se retrouve à devoir parler devant une assemblée. Les individus diagnostiqués dépressifs, anxieux, bipolaires… Sont beaucoup plus enclins à souffrir de ce stress émotionnel. Si les stimulus se présentent de façon trop régulière, alors le stress devient chronique et affaiblit l’organisme de l’individu jusqu’au développement de la maladie.
Ces trois sources de déséquilibre (hérédité, vécu et stress) sont les principales, mais pas les seules. Etudiez donc ces pistes en priorité mais n’excluez pas les autres. En effet, de très nombreuses causes sont capables de troubler l’ordre émotionnel d’un individu et de provoquer a posteriori une maladie. La conception holistique de la naturopathie prend ici tout son sens.
Les effets des émotions
Les émotions humaines recouvrent un très large prisme, de la plus négative à la plus positive. Nous avons vu que les émotions ont des retombées sur la santé. Mais toutes les émotions ne sont pas semblables. Au contraire, elles sont bien différentes les unes des autres et, par conséquent, entraînent des effets différents sur le corps et l’esprit.
Prenons l’exemple concret de la colère. Cette émotion considérée négative en naturopathie déclenche un mécanisme particulier au sein de l’organisme. Un individu en colère se met instinctivement en tension au niveau musculaire. Cette contracture, souvent inconsciente, entraîne une vasoconstriction (contraction des vaisseaux sanguins). De façon chronique ou trop intense, cette vasoconstriction peut engendrer des troubles “légers” comme de l’hypertension ou plus lourds comme des troubles cardiaques. Une émotion négative peut donc générer des troubles en cascade. Ces mécanismes ne relèvent jamais du hasard mais répondent systématiquement à un processus chimique. Par exemple, la peur libère du cortisol en grande quantité dans l’organisme. Or, cette hormone, naturellement présente dans le corps, fait spontanément augmenter le taux de glucose dans le sang. Submergé par une peur intense ou exposé régulièrement à l’angoisse, un individu est donc susceptible de prendre du poids, voire de développer des maladies cardio-vasculaires. Quoi qu’il en soit, il est très important de retenir que les effets néfastes des différentes émotions sont tous prévisibles.
Un autre exemple extrêmement frappant est celui de l’intestin, aussi appelé très justement notre “deuxième cerveau”. C’est en 1999 que le professeur Michael Gershon élève l’intestin au rang de deuxième cerveau. Ce neuro-gastro-entérologue est l’un des premiers à découvrir que notre tube digestif est tapissé de près de 200 millions de neurones ! Un vrai système nerveux, constamment en interaction avec notre cerveau. Ils présentent donc des similitudes : tous deux sécrètent des hormones et sont les garants de nos émotions. Un déséquilibre du microbiote intestinal (aussi appelé flore) est donc intimement lié à certains troubles émotionnels.
Au total, nous distinguons sept groupes d’organes, chacun relié à un état psychologique particulier :
- Le groupe musculo-squelettique lié aux relations sociales (composé des os, des articulations, des muscles, du système immunitaire, de la peau et du sang).
- Le groupe génito-urinaire lié à la situation financière et à l’amour (composé du système urinaire, des organes génitaux et des autres attributs que l’on retrouve dans la région lombaire).
- Le groupe abdominal lié à l’estime de soi (composé du système digestif, des glandes surrénales et du pancréas).
- Le groupe thoracique lié à l’équilibre au sein d’une relation (composé du système cardio-vasculaire, des poumons et des autres attributs que l’on retrouve dans la région de la poitrine).
- Le groupe cervical lié à la communication (composé de la bouche, de la gorge, de la nuque et de la thyroïde).
- Le groupe facial lié à la curiosité (composé du cerveau, des yeux, du nez et des oreilles).
- Le groupe spirituel : plus particulier, ce groupe représente la confiance en soi et l’énergie spirituelle qu’un individu dégage.
Les sept prochains chapitres seront chacun dédiés à un groupe particulier. Ils vous permettront d’approfondir et de développer votre bilan initial dont nous avons posé les bases dans le chapitre précédent.
Approfondissement de la notion de thérapie holistique
Dans le chapitre précédent, nous avons défini la thérapie holistique comme une approche visant à soigner l’organisme dans son intégralité. Cette définition est juste mais partiellement incomplète. En effet, elle se focalise sur l’organisme comme un tout et laisse de côté la question des traitements. Une thérapie holistique vise à optimiser la santé mentale et physique de façon indissociable. Cette optimisation holistique de la santé n’exclut absolument aucune approche médicale. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la thérapie holistique n’est pas le propre de la naturopathie. Cette dernière fait partie d’un tout et ne peut fonctionner si elle en est extraite. Pour être efficiente, elle doit travailler de concert avec les autres approches médicales, dont la médecine conventionnelle. Le diagnostic et le traitement proposés par la médecine moderne doivent systématiquement être pris en compte. Non pas comme la clé du problème mais plutôt comme une chaîne nécessaire au bon fonctionnement global. Dans la vision holistique, aucune thérapie quelle qu’elle soit ne doit être prise de façon isolée. Cette (mauvaise) pratique mène nécessairement à l’échec. Toutes les médecines sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement. La médecine allopathique est un précieux allié : ne la bannissez pas ! Au contraire, profitez de ses formidables progrès techniques et scientifiques pour renforcer votre approche naturelle. Dans certains cas où le pronostic vital est engagé, la chirurgie moderne sera par ailleurs la seule solution vers laquelle le patient devra se tourner, au détriment des thérapies alternatives.