Devenir naturopathe : le guide pratique

Quelques rappels de base

En naturopathie, la santé est abordée d’un point de vue particulier : celui de la cause des maladies. Comprendre l’origine du problème, c’est être en mesure de le soigner durablement. C’est pourquoi le bilan holistique abordé au cours du chapitre 10 est une très bonne base pour vous, à adapter selon votre patient et votre sensibilité personnelle. Cet entretien vous permet de réaliser une anamnèse fiable et de couvrir les deux principaux points : les gènes et l’environnement.

  • Gènes : cet aspect comprend tous les facteurs héréditaires de l’individu, c’est-à-dire les caractéristiques génétiques des générations précédentes. Ici, les potentielles thérapies géniques doivent être abordées.
  • Environnement : à travers cet aspect, il est question de l’hygiène de vie du patient et de ses répercussions sur son état physique et psychique. Toutes les habitudes du patient doivent être abordées, même celles qui peuvent lui sembler insignifiantes. Alimentation, activité sportive, travail, loisirs, sommeil, relations sociales, relation amoureuse… Autant d’aspects qui peuvent être révélateurs dans la compréhension de la pathologie. Cette enquête poussée permet aussi d’établir un programme de guérison efficace et cohérent. 

L’éducation thérapeutique du patient

L’éducation thérapeutique du patient (ETP) a été définie par l’OMS (1998) comme un moyen d’aider les patients à obtenir ou à maintenir les différentes compétences nécessaires pour améliorer leur qualité de vie et vivre en harmonie avec leur pathologie si cette dernière se révèle chronique. Il s’agit ici d’accompagner un patient vers l’auto-guérison, c’est-à-dire d’accéder à un état de santé optimal grâce à la propension curative du corps humain. Cette éducation se découpe en cinq étapes distinctes.

Neutraliser les menaces

Grâce au bilan holistique, vous avez pu désigner les principales causes de la pathologie du patient. Dans la mesure du possible (si cela n’engage pas le pronostic vital), il convient de supprimer ces menaces. Cela peut être une mauvaise alimentation, un sommeil troublé, un dérèglement de l’équilibre acido-basique ou encore un stress accru. L’état émotionnel occupe une place centrale comme l’indique l’adage “mens sana in corpore sano” (un esprit sain dans un corps sain) de la dixième Satire de Juvénal. 

Modifier le terrain

Afin de guérir durablement son patient, le naturopathe doit parvenir à l’éduquer sur son hygiène de vie afin de lui faire prendre conscience de ses mauvaises habitudes. Ces dernières doivent être troquées par de bonnes habitudes qui modifieront le terrain dans lequel s’est développée la maladie. Le chemin est long avant un rééquilibrage complet des différentes routines. Il faudra se montrer patient et compréhensif pour mener à bien cette étape cruciale du programme. 

Réveiller son médecin intérieur

Chaque être humain dispose d’un pouvoir d’autoguérison. Si celui-ci n’a pas été entretenu, alors ce fonctionnement naturel se perd. Fort heureusement, il ne disparaît jamais complètement mais reste enfoui au fond de nous. Evidemment, il reste utile pour les régénérations simples comme la production de nouvelles cellules, la cicatrisation ou encore la stimulation du système immunitaire. Ici, l’objectif est de rendre au patient son plein pouvoir d’auto-guérison. Pour cela, il convient de réunir les conditions environnementales idéales : soleil, hydratation et air sain en sont la base. La régénération de cette force vitale se trouve aussi dans toutes les thérapies douces que nous avons pu évoquer au cours de cette formation : aromathérapie, phytothérapie, méditation… Elles accompagnent efficacement la détoxication du corps et la rémission durable du patient. 

Renforcer l’organisme

Une fois soignée, la pathologie peut laisser derrière elle des traces de son passage. Après avoir lutté durant des jours, des semaines voire des années, l’organisme est fatigué et montre des séquelles. Ces dernières ne sont pas irréversibles : il suffit parfois de prendre soin des organes touchés et affaiblis. Cela passe par des remèdes naturels comme les plantes, les huiles essentielles ou encore certaines activités relaxantes ou sportives. Il est crucial de bien corriger les différents dysfonctionnements que la pathologie a pu engendrer afin de ne pas laisser un terrain favorable à l’apparition d’autres troubles. 

Accompagnement thérapeutique 

N’hésitez pas à orienter votre patient vers d’autres professionnels qui compléteront votre approche de naturopathe. En effet, selon les besoins du patient, vous pouvez lui conseiller de consulter un ostéopathe, un chiropracteur, un acupuncteur… Les thérapies sont nombreuses et présentent toutes leurs avantages. Un travail multidisciplinaire est donc à envisager. En tant que naturopathe, il est donc important de vous créer un réseau de professionnels fiables pour échanger et enrichir votre point de vue.

En suivant ces étapes, le patient devrait voir sa pathologie évoluer dans le bon sens jusqu’à complètement disparaître. En effet, le naturopathe se base sur la suppression des causes pour engendrer la suppression logique de la maladie. Grâce à son nouveau mode de vie sain, l’individu gagne en qualité de vie et se voit restituer son pouvoir d’autoguérison. Toutefois, si le pronostic vital du patient est engagé, dirigez-le vers un médecin généraliste ou spécialisé. Si le patient a déjà vu un médecin traitant et suit d’ores et déjà un traitement médicamenteux, il convient de compléter ce traitement sans jamais s’y substituer. 

S’installer comme naturopathe

L’analyse concurrentielle

Avant de s’installer comme naturopathe holistique, il convient de réaliser une étude de marché afin d’analyser la concurrence au niveau du lieu géographique, des tarifs pratiqués et des services proposés. Pour cela, une rapide recherche dans les moteurs de recherche devrait suffire. Cherchez les naturopathe de votre ville, voire de votre département et de votre région. Etudiez ensuite leur site internet pour connaître notamment leurs spécialités et leurs tarifs associés. Si la concurrence est faible voire inexistante, vous pourrez vous permettre d’être un naturopathe “généraliste”. Au contraire, si la concurrence est accrue, il faudra vous démarquer soit à travers des tarifs attractifs soit à travers des services que la concurrence ne propose pas. En d’autres termes, il est nécessaire d’apporter une valeur ajoutée pour s’assurer une clientèle. 

Enquête préliminaire

Pas obligatoire mais très intéressante, l’enquête préliminaire auprès de la population peut vous donner de grandes orientations pour réussir votre installation. Qu’il soit en ligne ou sur papier, ce questionnaire doit être court afin de ne pas décourager les répondants. Trois objectifs se distinguent : pressentir les connaissances de la population et son intérêt pour cette thérapie, collecter des coordonnées et obtenir des premiers clients. Avant de diffuser votre questionnaire en personne (dans les commerces de proximité, les marchés, les cabinets médicaux ou tout autre lieu attirant une population sensible au bio et au naturel) ou en ligne (via des emails ou sur les réseaux sociaux, notamment les groupes facebook), veillez à faire relire et remplir le questionnaire par un proche. Un bon moyen de savoir s’il est compréhensible de tous.

Naturopathe : quel statut juridique ?

En tant que naturopathe, vous exercez une profession libérale. Pour l’encadrer, plusieurs statuts juridiques existent. Deux options principales coexistent : la micro entreprise et l’entreprise classique (EI, EURL, SASU). La micro entreprise semble être un bon choix si vous débutez : avec une gestion administrative et comptable facilitée, vous pourrez vous concentrer sur votre activité. Au-delà d’un certain plafond, votre micro entreprise devra obligatoirement se transformer en entreprise classique. Entreprise individuelle, entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée, société par actions simplifiée unipersonnelle… Les options sont nombreuses et le choix final doit répondre à vos envies et besoins. Sachez que chaque statut présente ses avantages et ses contraintes, il est donc important de prendre le temps avant de se décider.

Lieu d’exercice de l’activité

Le lieu d’exercice de votre activité est une autre décision à laquelle il convient de réfléchir. Quatre solutions s’offrent à vous. Vous pouvez choisir d’exercer votre activité dans un local dont vous êtes locataire ou propriétaire. Les patients se déplacent jusqu’à vous et ont toutes les commodités sur place. Cette solution est très intéressante si votre local est bien situé : en centre-ville, près d’un parking ou desservi par les transports en commun. S’il est trop excentré, cela fera fuir la patientèle. Pour faire des économies, vous pouvez aussi choisir d’exercer à votre domicile : les patients se déplacent chez vous, sous réserve que vous disposiez d’une pièce dédiée à votre activité. En effet, il devient sinon délicat de ne pas mêler vie privée et vie professionnelle. Au contraire, vous pouvez aussi exercer au domicile de vos patients : un bon choix pour être au plus près des conditions de vie des patients. Attention, vous devrez toutefois vous déplacer avec votre matériel et prévoir des frais supplémentaires concernant les déplacements. Enfin, il est aussi possible de pratiquer la naturopathie en entreprise, c’est-à-dire en étant salarié ou bien indépendant d’une société qui vous prête ses locaux et fait de ses travailleurs votre patientèle. Une solution intéressante qui se développe de plus en plus. Organisez-vous librement selon vos besoins. Pourquoi ne pas choisir une solution hybride où vous travaillez dans votre propre local du lundi au jeudi et gardez le vendredi pour effectuer des domiciles chez les personnes fragiles qui ont du mal à se déplacer ?

Budget : tout ce qu’il faut prévoir

En tant que naturopathe libéral, les frais sont nombreux. Aussi, il est crucial d’établir un budget prévisionnel, tout d’abord afin de maîtriser ses dépenses mais aussi pour fixer un tarif cohérent. 

Certains frais sont fixes et peuvent être calculés à l’avance. Il y a par exemple les frais de location d’un local, d’électricité, de téléphone, d’assurance mais aussi les cotisations et autres dépenses prévues par votre statut juridique. À cela s’ajoutent des frais variables comme les frais de déplacement, l’achat de fournitures ou encore les frais marketing et publicitaires. En effet, lorsque vous lancez votre activité, il est primordial d’avoir une image de marque travaillée avec un logo et pourquoi pas un site internet. Autant d’éventuels besoins qui vous obligeront à faire appel à un professionnel. Essayez de lister au mieux ces frais afin d’avoir une vue d’ensemble sur vos dépenses et les revenus que vous devez générer pour fonctionner.

Concernant les revenus, quelques mots sur la facturation s’imposent. Cette dernière doit répondre à certaines exigences légales. Doivent apparaître sur la facture : votre nom et prénom, l’adresse où vous exercez, votre numéro de SIRET, un numéro de facture (qui doit obligatoirement suivre une suite logique), la description et le nombre des prestations, le tarif unitaire, le tarif hors taxes, le montant des taxes, le montant total et enfin les conditions de règlement. Si la comptabilité vous effraie, n’hésitez pas à vous aider d’un logiciel ou bien d’un comptable qui gérera tout pour vous. 

Présence sur le web

Aujourd’hui, il est quasiment impossible de créer son affaire sans être présent sur le web, à travers un site internet et/ou des réseaux sociaux. Le site internet est un incontournable : il permet à vos clients de vous trouver via une recherche, de vous présenter vous et vos services, d’affirmer votre expérience et votre crédibilité, de prendre rendez-vous en ligne, de communiquer vos informations de base (adresse, horaires, numéro de téléphone…). Vous l’aurez compris, il est difficile de faire sans. Certaines plateformes proposent de créer un site web facilement et gratuitement. Si vous disposez du temps nécessaire, vous pouvez vous y essayer. Sinon, faites appel à un professionnel qui vous créera un site de qualité et à votre image. Vous pouvez aussi accompagner votre site web de profils sur les réseaux sociaux : instagram, facebook, linkedin, voire même tik tok… Tout est possible ! Attention, le community management de ces pages demande du temps : c’est un travail à part entière. Les efforts seront cependant récompensés. En effet, les réseaux sociaux sont un excellent moyen de se faire connaître, de susciter l’intérêt, de convertir de nouveaux clients et donc de faire fonctionner votre activité. Essayez d’adapter votre communication à votre cible. Cette dernière doit être réfléchie et pertinente. Qui aurait besoin de vos services ? Cela peut être les enfants mais aussi les seniors, les actifs et les inactifs, les femmes et les hommes… L’idéal est de se spécialiser pour forger son image de marque et obtenir une patientèle de qualité. Si les profils sont variés, n’hésitez pas à proposer plusieurs tarifs (ex : étudiant, retraité…). 

Ces quelques points vous permettent d’avoir une idée globale de l’aspect pratique du métier de naturopathe. Quoi qu’il en soit, si vous débutez, la patience et la persévérance seront vos meilleures alliées pour réussir. Si le démarrage est difficile, continuez de prospecter : créez des affiches à placarder dans votre ville, créez un événement, proposez une première séance à bas prix, initiez un atelier découverte… Les solutions sont nombreuses et n’ont pour limite que votre inventivité. 

Charte déontologique de la naturopathie

Pour exercer en tant que naturopathe libéral, il convient de respecter certaines règles déontologiques exposées ci-dessous. Ce guide des bonnes pratiques devra guider votre façon d’exercer, votre relation avec vos patients ainsi que vos divers choix professionnels. En vous conformant à cette charte, vous vous protégez d’un point de vue légal et juridique mais vous protégez aussi vos patients par exemple vis-à-vis du secret médical.

Devoirs généraux

  • Le naturopathe s’engage à pratiquer la naturopathie seulement dans le cadre de ses formations et compétences.
  • Le naturopathe s’engage à se mettre au service de la personne humaine en permettant d’acquérir le meilleur niveau de santé possible.
  • Le naturopathe s’engage à pratiquer sa profession dans des conditions optimales et en pleine possession de ses capacités, afin de préserver la qualité de ses prestations. 
  • Le naturopathe s’engage à ne jamais se substituer au médecin en ce qui concerne le diagnostic et le traitement médical. S’il le juge nécessaire, le naturopathe doit faire appel à un médecin afin que le patient puisse bénéficier d’un suivi médical approprié. 
  • Le naturopathe s’engage à ne pas recourir à des procédés publicitaires exagérés ou mensongers. 
  • Le naturopathe s’engage à avoir une communication claire et honnête concernant ses titres, diplômes et certifications. Dans le cas contraire, il s’expose à des poursuites judiciaires. 
  • Le naturopathe s’engage à entretenir et améliorer ses connaissances du métier à travers des formations professionnelles.

Devoirs envers les patients 

  • Le naturopathe ne peut en aucun cas refuser ses soins à un individu en raison de sa race, sa couleur, son âge, son sexe, son état civil, son orientation sexuelle, sa religion, ses convictions politiques, sa catégorie socio-professionnelle ou encore son handicap. 
  • Le naturopathe s’engage à adopter une relation professionnelle, saine et cordiale avec ses patients. Aucun acte de nature abusive n’est toléré (menace, intimidation, abus sexuel…).
  • Le naturopathe s’engage à pratiquer son activité dans un cadre adapté et sécurisé pour sa patientèle (intégrité physique et morale).
  • Le naturopathe s’engage à être entièrement transparent avec ses patients, et ce à tous les niveaux : tarification, frais, conditions, déroulement, etc.
  • Le naturopathe s’engage à ne pratiquer ses prestations que sur des adultes consentants ou bien des mineurs ou adultes sous tutelle dont le responsable légal a donné la permission sous forme de consentement écrit et signé. 
  • Le naturopathe s’engage à respecter le secret professionnel, c’est-à-dire à garder confidentiel l’intégralité des informations dont il a été dépositaire. 
  • Le naturopathe s’engage à ne pas formuler de promesse ou de garantie concernant l’état de santé de ses patients.
  • Le naturopathe s’engage à apporter le meilleur soutien moral à son patient, à être à l’écoute de ses envies, besoins et interrogations et à se montrer attentif au bon suivi du programme de soins. 

Devoirs contractuels 

  • Le naturopathe s’engage à ne pas proposer des biens ou des services non nécessaires, uniquement dans le but de générer du profit.
  • Le naturopathe s’engage à proposer un tarif cohérent et honnête. Le paiement ne peut en aucun cas s’effectuer avant la réalisation des prestations. 
  • Le naturopathe s’engage à ne proposer des produits supplémentaires (ex : huiles essentielles) que si ces derniers entrent dans le cadre de sa profession, sont naturels, au juste prix et que s’ils sont présentés lorsqu’ils correspondent au programme de soins établi. 
  • Le naturopathe s’engage à s’en tenir aux relations économiques liées aux prestations. Il ne doit en aucun cas pratiquer l’emprunt auprès de ses patients, le blanchiment d’argent, les fraudes et autres escroqueries.
  • Le naturopathe s’engage à ne mettre fin à un contrat que lorsque la situation l’oblige (rupture de la confiance, conflit d’intérêts…) et selon les clauses contractuelles référentes. 

Devoirs envers les confrères

  • Le naturopathe s’engage à entretenir de bons rapports avec ses confrères et à ne jamais nuire à l’exercice de leur profession à travers des propos diffamants ou des calomnies. Le contraire serait considéré comme une faute grave. 
  • Le naturopathe s’engage à envisager l’opinion et les conseils de ses confrères avant de les décliner, toujours de façon correcte et respectueuse. 
  • Le naturopathe s’engage à ne jamais porter atteinte à l’exercice de ses confrères dans le but d’assouvir un désir personnel ou de gagner un avantage compétitif (détournement de patientèle, établissement dans sa zone de chalandise, plainte…). 

Et maintenant ?

Félicitations, vous êtes venu à bout des quinze chapitres et des questionnaires associés ! Vous avez aujourd’hui une première connaissance solide du métier de naturopathe holistique. 

N’hésitez pas à compléter cette formation d’autres sources d’informations : les façons de pratiquer sont diverses, variées et toutes dignes d’intérêt. Au fur et à mesure de votre pratique, tenez vous informé des avancées de la naturopathie. Il est essentiel de se tenir à jour afin de proposer à vos patients des solutions optimales selon leurs pathologies. 

Dans un premier temps, pratiquez vos prestations avec vos proches afin de perfectionner votre approche et votre bilan holistique. Ce dernier n’est pas immuable mais au contraire mouvant : façonnez-le librement au cours de vos séances et expériences.

Nous vous souhaitons beaucoup de bonheur dans la pratique de la naturopathie. Une grande aventure s’offre à vous, vivez-la pleinement sans douter de vos savoirs et compétences mais en remettant toutefois votre parole en question quand cela est nécessaire. Bons soins ! 

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